Succès du réveil de la sonde cométaire Rosetta
Une conférence de presse s’est tenue à l’ESOC (Centre européen des opérations spatiales de l’ESA), pour assister en direct au réveil de la sonde Rosetta. Après 31 mois d’hibernation, le premier signe de vie de Rosetta a été reçu à 19h18.
Lancée en 2004, la mission Rosetta a pour objectif d’atteindre la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko, autour de laquelle elle se placera en orbite en août prochain.
Ne fonctionnant que grâce à l’énergie solaire collectée par ses immenses panneaux solaires, Rosetta a été placée dans un sommeil profond depuis juin 2011 car elle ne recevait plus assez d’énergie pour faire fonctionner ses instruments.
Rétrospective de la conférence de presse à l’ESOC
Ce lundi 20 janvier 2014, l’ESA (Agence Spatiale Européenne) a organisé une conférence de presse à l’ESOC, situé à Darmstadt, en Allemagne, afin de suivre le réveil de Rosetta. C’est ici que l’on contrôle et donne des instructions pour la sonde Rosetta.
La conférence de presse a été diffusée sur le site Internet de l’ESA : http://www.esa.int/ et http://www.livestream.com/europeanspaceagency et sur la chaîne TV de l’ESA.
Les médias sociaux ont été très actifs tout au long de la journée, notamment lors du réveil de la sonde.
- Un des dessins de la sonde Rosetta avec Philaé ayant servi à promouvoir le réveil de Rosetta sur les réseaux sociaux
Crédits : ESA
L’astronaute Thomas Reiter, directeur des Vols habités et Opérations de l’ESA, a ouvert la journée en mettant en avant le rôle pionnier de la mission Rosetta et les informations que la mission devrait apporter sur la formation de notre système solaire ainsi que l’apparition de l’eau et de la vie sur Terre.
Alvaro Giménez, directeur Sciences et Exploration Robotique de l’ESA, a ensuite parlé du programme scientifique de la mission Rosetta, qui permettra d’obtenir des données sur le gaz et la poussière présents dans la nébuleuse primitive à l’origine de notre système solaire, et qui promet d’être la Pierre de Rosette du système solaire.
Des comptes rendus sont donnés en direct depuis la salle de contrôle principale de l’ESOC.
Jean-Jacques Dordain, Directeur Général de l’ESA, a présenté Rosetta – l’histoire d’une réussite européenne ; Matthew Taylor, project scientist de Rosetta à l’ESA, expose les préparatifs et les attentes scientifiques de la mission et Paolo Ferri, chef des opérations de l’ESA, révèle les défis opérationnels de la mission.
À 11h, heure de Paris, une alarme interne préprogrammée a « réveillé » la sonde Rosetta.
Une fois réactivée, la sonde a réchauffé ses instruments de navigation, ce qui lui a pris 6 heures. Ses propulseurs ont arrêté le lent mouvement de rotation qui la maintenait stable depuis son entrée en hibernation, afin d’orienter ses panneaux solaires directement face au Soleil. Rosetta a ensuite pointé son antenne en direction de la Terre pour prévenir les équipes au sol qu’elle est prête à redémarrer sa mission.
En attendant le premier signal de Rosetta, l’après-midi s’est organisé sous forme de tables rondes auxquelles participaient les PI (Principal Investigators) de plusieurs instruments de Rosetta ainsi que des personnalités impliquées dans la mission ; ces interventions ont été entrecoupées par de brèves annonces sur Rosetta depuis la salle de contrôle principale.
- Salle de contrôle principale de l’ESOC, où l’ESA a guetté le premier signal de Rosetta
Crédits : ESEP / Séverine Raimond
Holger Sierks et Joel Parker (respectivement PI de OSIRIS et de ALICE, instruments à bord de l’orbiter Rosetta) expliquent que Rosetta est la première mission où une sonde « vit » avec une comète, suit l’évolution de son activité et étudie son noyau. Plusieurs missions ont survolé des comètes mais c’est la première fois que l’on y posera un atterrisseur. L’étude des comètes est fondamentale car elle permet de comprendre l’évolution du système solaire et l’histoire de nos origines.
À 15h15, Andrea Accomazzo, responsable de la conduite des opérations de Rosetta à l’ESA, annonce que tout est en place pour que l’écoute commence à 15h35. L’ESA a demandé à la NASA d’orienter en direction de la sonde Rosetta son antenne de 70 m à Goldstone, en Californie. Le premier signal peut techniquement être reçu dans la première fenêtre d’opportunité entre 18h30 et 19h30 et la NASA retransmettrait immédiatement l’information à l’ESA.
Gerhard Schwehm (ancien responsable de la mission Rosetta à l’ESA), Norbert Pailer (Airbus Defense and Space) et Gerhard Drolshagen (ESA) discutent de Rosetta, des comètes et des astéroïdes. Ils insistent sur le fait que les comètes sont parmi les objets les plus primitifs du système solaire que l’on connaisse, plus encore que les astéroïdes, et c’est pourquoi il faut les étudier. Les comètes sont des fossiles de notre système solaire.
À 16h45, Andrea Accomazzo annonce qu’aucun signal n’a été reçu, mais cela est tout à fait normal. Pour l’instant, tout se passe comme prévu lors des simulations.
Jean-Pierre Bibring et Wlodek Kofman (respectivement PI de CIVA et de CONSERT, instruments à bord de l’atterrisseur Philaé) et Stephan Ulamec (responsable de l’atterrisseur Philaé) expliquent l’intérêt de larguer l’atterrisseur Philaé à la surface de la comète. Cela permettra d’étudier la matière cométaire et ses propriétés in situ, car Philae est conçu comme un véritable laboratoire qui va récupérer des échantillons. Les analyses permettront de déterminer comment s’est notamment formée la matière carbonée dans le système solaire. Les comètes auraient en effet contribué à la création de la matière organique sous l’effet du rayonnement du Soleil.
Réception du signal
Nous devons attendre 45 minutes avant que le premier signal émis par Rosetta, située à une distance d’environ 930 millions de kilomètres de la Terre, parcoure l’espace qui nous sépare et nous parvienne.
À partir de 18h30, tous les regards sont rivés sur le moniteur surveillant l’arrivée du signal de Rosetta.
C’est après 45 minutes d’attente angoissante qu’il est reçu à la fois par la station de Goldstone, en Californie et la station de Canberra, en Australie, et est tout de suite retransmis vers l’ESOC à 19h18, pour la plus grande joie – et le plus grand soulagement – de tous.
À suivre…
Suite à ce premier signe de vie, la sonde communique sur son état général et évalue la puissance disponible grâce à ses panneaux solaires.
La sonde Rosetta se situe à présent à environ 9 millions de kilomètres de la comète 67P/CG. Après avoir allumé les 11 instruments à bord de Rosetta et les 10 instruments à bord de l’atterrisseur Philaé, la sonde va continuer sa course jusqu’à la comète et se mettra en orbite autour de cette dernière en août 2014. En octobre, le site d’atterrissage sera choisi puis Rosetta larguera Philaé sur la surface cométaire en novembre 2014, nous promettant de belles découvertes. Commencera alors la phase d’escorte de la comète, pendant laquelle Rosetta accompagnera la comète 67P/CG à mesure que l’activité cométaire augmentera du fait de son rapprochement au Soleil.
Contact :
Séverine Raimond : severine.raimond obspm.fr